L'abstraction lyrique fait référence au mouvement artistique d'environ 1945 à 1970. Elle a deux branches principales dont l'une est européenne et l'autre est américaine. Bien qu'ils présentent de nombreuses similitudes, ils diffèrent en ce sens qu'ils peuvent parfois adopter des directions et des méthodes très différentes.
La naissance d’un mouvement artistique très spécifique
Ce mode d'expression particulier a été choisi car ce courant voulait se distinguer de toutes les autres formes abstraites qui existaient à l'époque, comme l'abstraction géométrique ou le constructivisme. Bien qu'elle ait quelque chose en commun avec cette dernière, notamment une hypothèse parfaite et une forme d'expression totalement non figurative, l'abstraction lyrique doit d'abord traduire l'expression directe de l'émotion personnelle. C'est donc la profondeur de l'émotion de l'artiste qui domine le tout. Pour cette raison, l’abstraction lyrique requiert une écriture picturale très spécifique puisque l'avancée vers ce langage émotionnel abstrait s'effectue à travers la couleur, notamment à travers les gestes. Sa première rencontre avec le public a eu lieu sous la direction de deux passionnés porteurs du monde de l'art, le peintre George Matthew et le Jean José Marchand.
La branche européenne: une grande sœur très libérée
Contrairement à son homologue d'outre-Atlantique, l'abstraction lyrique européenne a une date de naissance précise, l’année 1947. Au bout de trois ans, le tachisme, son courant principal a été précisément défini par les critiques Charles Estienne, Pierre Guéguen et Michel Tapié, le grand défenseur. L’abstraction lyrique s'est répandue en France et en Europe au milieu des années 1950. C'est un style de peinture très gestuel, utilisant la scène comme protagoniste principal de la toile, d'où son nom. Par conséquent, la pulvérisation spontanée de peinture donne à cette ligne un « aspect de sismographe spirituel ». Hans Hartung, artiste français né en Allemagne, poursuit une expression pure et libre depuis 1920.
La branche américaine: une petite sœur plus sage
La vague européenne d'abstraction lyrique frappe le Nouveau Monde presque simultanément, mais cette version américaine ne sera théorisée qu'en 1969. Néanmoins, la vague américaine était très créative et productive dès le départ. Elle diffère de celle européenne sur deux aspects, d'une part, une réponse à ce qui s'est fait en Europe, et d'autre part, son évolution vers un nouveau langage de l'image. Voyant le jour à New York dans les années 1940 et 1950, contrairement à l'action painting, le mouvement du Color Field painting, ou peindre en champs de couleur, revendique son appartenance à l'expressionnisme abstrait.